Du 17 au 27 octobre avait lieu « Vitalité des cultures locales et des matsuri » entre la Maison de la Culture du Japon à Paris et le Jardin d’Acclimatation. C’est dans ce dernier lieu que s’étaient déroulés les différents matsuri : un évènement inédit même au Japon !
Parmi les nombreuses manifestations liées à Japonismes 2018, il y a des évènements liés tant à la culture moderne que traditionnelle, entre représentation de spectacles, démonstrations et expositions. Chose plus rare à l’étranger, il y a eu également la présentation de la culture folklorique et notamment des matsuri. Pour Japonismes 2018, ce sont 14 collectivités locales qui sont venus en France avec chars, mikoshi, instruments et costumes traditionnels suite à l’appel de la Fondation du Japon permettant d’offrir un évènement complètement inédit même au Japon en rassemblant plusieurs matsuri en un même endroit et durant la même période. Précédés par des ateliers, démonstrations et conférences autour des cultures locales à la MCJP, le Jardin d’Acclimatation, tout juste rénové et désormais sans la présence de la Maison de Kiso (offerte par le Japon à la France et à l’ethnologue Jane COBBI, qui devrait être réinstallée à Paris dans un futur proche) a ensuite été le théâtre de trois jours de festivités, accueillant également un village japonais dans lequel les visiteurs trouvaient des stands d’alimentation (yatai) avec bols de udon de chez Kunitoraya ou des bento de chez Jujiya par exemple mais aussi des pâtisseries de chez Tomo, et des stands d’information sur chacune des collectivités locales participant à cet évènement.
Pour inaugurer cet évènement, Masato Kitera, l’Ambassadeur du Japon en France et son épouse, Hiroyasu Ando, président de la Japan Foundation, Tsutomu Sugiura, président de la MCJP, Antoine Arnault membre du conseil d’administration de LVMH et Marc-Antoine Jamet, président du Jardin d’Acclimatation et secrétaire général de LVMH, ont participé au Kagami Biraki. ©2018 Japan FM.
L’entrée du village japonais ©2018 Japan FM.
Par chance, le soleil était au rendez-vous le samedi et le dimanche, un véritable été indien en plein mois d’octobre qui aura poussé plus de 60 000 visiteurs à assister à un ou plusieurs de ces matsuri, et découvrir également un furoshiki géant réalisé par la maison Kenzo (du groupe LVMH) dans le cadre de l’exposition « FUROSHIKI PARIS ».
Noriko Carpentier-Tominaga, directrice du CEFJ, au look assorti au furoshiki Kenzo ©2018 Japan FM.
Mieux encore, les Français étaient invités à prendre part à certains de ces défilés, avec l’occasion de se vêtir de tenues traditionnelles japonaises. Si vous aviez manqué ces journées festives, on vous récapitule les différents matsuri présentés.
Un peu de patience, une courte vidéo des sept matsuri présentés à Paris sera bientôt ajoutée ici !
L’Awa Odori :
©2018 Japan FM.
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Premier matsuri à inaugurer le week-end prolongé festif japonais au Jardin d’Acclimatation, l’Awa Odori n’est pas totalement inconnu en France puisque précédé par une première démonstration du matsuri en 2015. L’Awa Odori vient du département de Tokushima et est surnommée « danse des fous » devenue populaire durant l’ère Edo, attirant plus d’un million de visiteurs chaque année entre le 12 et le 15 août. Si elle vient de Tokushima, l’Awa Odori est également dansée à Koenji près de Tôkyô depuis le milieu du XXème siècle, et est aussi représentée depuis peu à travers le monde. C’est ainsi qu’en 2015, des danseurs et des musiciens de Tokushima sont venus à Paris pour des représentations d’Awa Odori.
Le Shingen-ko matsuri :
©2018 Japan FM.
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Revivre la période des samouraïs ? C’est possible avec le défilé de Shingen-ko matsuri. En provenance de Kôchi dans le département de Yamanashi, ce défilé de samouraïs se tient chaque année aux alentours du 12 avril, date de l’anniversaire de la mort de Shingen TAKEDA en l’honneur de qui ce festival a été créé à Kôchi. Shingen TAKEDA était un daimyô de la province de Kai, actuel département de Yamanashi, durant l’époque Sengoku (entre le XVème et la fin du XVIème siècle). C’est aussi le plus grand défilé de samouraïs au monde au point d’entrer dans le livre Guiness des records en 2012 grâce à la participation de plus de 1 000 participants vêtus comme des samouraïs ! Si le public a pu voir ce défilé, il ne s’agissait que d’un aperçu, à l’instar des autres matsuri, puisque le Shingen-ko matsuri dure plusieurs heures d’ordinaire avec d’autres cérémonies qui accompagnent le défilé.
La parade de mikoshi :
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Les mikoshi ce sont ces palanquins ou temples miniatures montés sur un char, pouvant peser néanmoins plusieurs centaines de kilos. S’il existe différentes sortes de processions, ici, le public avait droit à des démonstrations de parade de mikoshi venant d’Ichikawa, département de Chiba, une ville qui a un partenariat privilégié avec la ville d’Issy-les-Moulineaux ! Lors de la première parade, le maire d’Ichikawa était ainsi venu à Paris, accompagné sur scène du maire d’Issy-les-Moulineaux, pour présenter cette procession née en 1826. De plus, Ichikawa et plus particulièrement le quartier de Gyôtoku était surnommé durant l’ère Edo comme le « quartier des 100 temples » car la plupart des sculpteurs de statues de Bouddhas s’y étaient installés à l’époque avant de fabriquer des mikoshi. 80% des mikoshi du Japon étaient ainsi fabriqués là-bas ! Désormais, il ne reste plus qu’un atelier de mikoshi, dont un artisan est venu jusqu’à la MCJP à l’occasion d’une conférence sur le montage et le démontage du mikoshi. Autre fait rare, cette procession de mikoshi n’a lieu que tous les trois ans à Ichikawa.
Kasuga Wakamiya On Matsuri :
©2018 Japan FM.
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En provenance de Nara, berceau de l’histoire du Japon et ancienne capitale du pays, ce festival est assez particulier puisqu’il s’agit d’une cérémonie shinto dont tous les rituels ne sont pas visibles généralement pour le public ! Le On matsuri est en effet un ensemble de rituels afin de prier pour de bonnes récoltes, liés au temple Kasuga Taisha, fondé il y a environ 1 300 ans. D’un côté, il y a la procession ou Owatarishiki, où l’on voit défiler « le Messager du Jour », puis la Yaotome ou « jeune fille affectée au sanctuaire », des sabres longs de plus de 5m ou encore une procession de daimyôs. De l’autre côté, il y a l’Otabisho où sont représentés des danses traditionnelles rares telles que kagura, bugaku ou encore dengaku. C’était donc une occasion vraiment unique que de découvrir en France un aperçu du Kasuga Wakamiya On Matsuri. Ce festival est pratiqué depuis bientôt 900 ans environ, et pour y assister au Japon, il faut vous rendre à Nara entre le 15 et le 18 décembre.
Yosakoi :
©2018 Japan FM.
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Le Yosakoi est une danse assez récente, puisqu’apparue en 1954 dans le département de Kochi, mais devenue si populaire à travers tout le pays qu’elle est considérée depuis comme faisant totalement partie du folkore japonais. La danse Yosakoi associe des mouvements de danse traditionnelle avec, dans les mains des danseur(se)s, des clapets en bois appelés naruko à de la musique moderne. Et cette danse plaît tant qu’elle s’est également popularisée en dehors du Japon ! En atteste la fondation d’une association de Yosakoi à Bordeaux, Koidoukai, puis la création d’une autre troupe à Paris, Hinodemai. Ce sont donc ces deux troupes françaises et une troupe de danseurs venus du Japon qui ont fait chacun une démonstration de Yosakoi puis tous ensemble face au public.
Onikenbai et Sansa Odori :
©2018 Japan FM.
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Ces deux danses font partie de deux matsuri du département d’Iwate, le Kitakami Michinoru Geino festival à Kitakami pour l’Onikenbai, et le Sansa Odori festival de Morioka, pratiqué néanmoins dans tout le département. La danse Onikenbai ou « danse de l’épée du démon » est un cortège d’une cinquantaine de danseurs portant un masque représentant un visage en colère et dansant avec des épées dans les mains. L’onikenbai serait apparue il y a 1 300 ans. Le Sansa Odori est né d’une légende selon laquelle le démon Rasetsu s’était emparé du château de Morioka. Afin de s’en débarrasser, les habitants ont prié le dieu Mitsuishi qui a écouté leurs prières. Preuve du départ du démon, Rasetsu a laissé les empreintes de ses mains sur la montagne, et c’est ce qui aurait donné le nom d’Iwate ! Ces deux danses ont lieu chaque année dans les villes respectives durant plusieurs jours début août.
Tachineputa :
©2018 Japan FM.
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La nuit tombée, vers 19h à Paris au milieu du mois d’octobre, l’immense char de 12 mètres de haut du Tachineputa s’est illuminé ! La troupe du défilé du Tachineputa, un des trois grands festivals de Neputa du Japon, prend place pour lancer la procession de danseurs, musiciens et chanteurs. Les porteurs prennent place autour du char pour le faire avancer. Ce festival est né à Goshogawara, département d’Aomori. Si le défilé que nous avons découvert est revenu dans le folkore japonais en 1996, grâce à la redécouverte de plans pour fabriquer les chars, à l’origine durant l’ère Meiji, le char du Tachineputa était un témoignage de la richesse des commerçants de la ville. Malheureusement, durant l’ère Taishô (1912-1926), l’électrification de la ville et deux incendies mettent fin aux défilés de chars en papier géants. Désormais, le public peut découvrir ces défilés impressionnants à Goshogawara chaque année du 4 au 8 août de 19h à 21h.
Outre les défilés et les danses présentés au Jardin d’Acclimatation, et les ateliers et conférences à la MCJP, des spectacles rarement joués en dehors du Japon avaient lieu dans cette dernière comme des représentations de Ji-kabuki, théâtre spécifique au département de Gifu où les pièces sont jouées par les habitants du département, ou encore des représentations de marionnettes d’Awaji (ou Ningyo Jyoruri) du département du Hyôgo.
Photos : La nuit tombée, le char du Tachineputa s’illumine et le défilé peut alors commencer ©2018 Japan FM.
Une réflexion sur “Florilège de matsuri pour Japonismes : inédit même au Japon”