KURASHIKI, la ville des arts et du coton

Lorsqu’on évoque Kurashiki, on pense généralement aux jeans japonais. A raison. Mais Kurashiki, c’est aussi la ville qui a permis à l’art Mingei de se développer et la ville qui accueilli le premier musée d’art occidental du Japon au début du XXème siècle grâce à la famille ÔHARA.

En France, nous avions eu l’occasion de découvrir Kurashiki, du département d’Okayama, à travers plusieurs évènements japonais en France en 2018: Kurashiki Japan à la boutique Discover Japan Paris, mais aussi à l’occasion d’un concours collaboratif entre le département d’Okayama et l’école ESMOD. Mais alors, nous découvrions principalement les spécialités de la région notamment son jean ainsi que les objets d’intérieur en jonc (igusa), les balles Temari ou les accessoires en tatami-beri. Si le jean est aussi célèbre, aujourd’hui il existe tout un village du jean à Kojima, au sud de Kurashiki comportant notamment deux musées dédiés à ce textile !

Blue Sakura, une des marques de jeans présentés à Kurashiki Japan via Discover Japan Paris ©bd

 

Balles Temari exposées au Wa Salon ©2019 Japan FM.

 

Daruma, Hariko (papier mâché) et Bichu washi exposés au Wa Salon ©2019 Japan FM.

 

Et si le travail du jean s’est considérablement développé dans cette région, c’est parce Kurashiki s’est spécialisée il y a 400 ans dans la culture de fleurs de coton. A l’occasion du retour du pop up store Kurashiki Japan  à Discover Japan Paris, et pour la courte exposition « Arts Populaires Mingei » dévoilant des œuvres de Trésors Nationaux vivants tels que Shôji HAMADA ou Kanjiro KAWAI appartenant à la collection de la famille ÔHARA au Wa Salon de Paris, nous avons pu en savoir davantage sur l’histoire de la ville de Kurashiki. La famille ÔHARA est étroitement liée à cette ville puisqu’à la fin du XIXème siècle, Kojiro ÔHARA, le patriarche de cette famille de riches négociants, ouvre un bureau de filature de coton à Kurashiki. Dès lors, les générations suivantes s’emploient à développer et pérenniser les affaires de leurs aïeux permettant à la ville de devenir le premier producteur de textile du pays. La famille ÔHARA devient mécène et entreprend des projets culturels et sociaux dans la région, dans le souci que « les biens de la société retournent à la société », autrement dit que leur réussite permette d’améliorer les conditions de vie de la population locale. Magosaburo ÔHARA s’intéresse aux arts d’Occident et envoie le peintre Torajiro KOJIMA étudier l’art en Europe, pour qu’il lui sélectionne et achète de nombreuses œuvres d’art sur place. Hélas décédé en 1929, Magosaburo ÔHARA fonde en hommage au peintre le premier musée privé d’art occidental du Japon, dès 1930, réunissant les œuvres collectées par Torajiro KOJIMA de peintres tels que PICASSO, Claude MONET ou encore « L’Annonciation » d’EL GRECO ! Un lien fort unit alors le Japon et la France à travers ce musée, encore récemment à l’image de la floraison l’été dernier de nénuphars dans les jardins du musée d’art ÔHARA issus du jardin de Claude MONET.

 

Une œuvre de Kanjiro Kawai appartenant à la collection de la famille Ôhara ©2019 Japan FM.

 

Des céramiques de Shôji Hamada appartenant à la collection de la famille Ôhara ©2019 Japan FM.

 

Des verres soufflés artisanaux de Kurashiki dans le respect de l’esprit Mingei ©2019 Japan FM.

 

Mais c’est également à travers un soutien vers l’artisanat que la famille ÔHARA se démarque. Lorsque le mouvement Mingei émerge dans les années 1920, le soutien de Magosaburo ÔHARA et de sa famille est de taille. L’homme d’affaire permet à l’art Mingei de se développer dans la région en soutenant le mouvement et en contribuant à la création du premier musée des arts populaires du Japon en 1936 ou Nihon Mingeikan (Tôkyô) fondé par Muneyoshi (ou Soêtsu) YANAGI. Quelques années plus tard, Soichiro ÔHARA, héritier de Magosaburo, initiera la fondation du deuxième musée dédié : Kurashiki Mingeikan ou Musée d’artisanat de Kurashiki, en 1948. Grâce au soutien de Magosaburo ÔHARA, des artisans emblématiques du mouvement Mingei comme les céramistes Kanjiro KAWAI et Shôji HAMADA se sont rendus à Kurashiki pour échanger avec les artisans locaux et permettre le développement du Mingei, raison pour laquelle la ville est considérée comme un berceau de l’art Mingei ! Dans ce mouvement initié par Muneyoshi YANAGI, les objets Mingei doivent respecter un certain nombre de critères comme être utiles au quotidien, simples tout en étant beaux, réalisés anonymement par des artisans, à portée de tous grâce à un faible coût mais néanmoins de qualité. En opposition avec les arts décoratifs, l’art Mingei est surtout né pour défendre l’artisanat traditionnel en réaction à la révolution industrielle et la production de masse à l’instar du mouvement anglo-saxon Arts & Crafts de la fin du XIXème siècle. D’ailleurs, Mingei est une contraction de « Minshuteki Kogeï » qui signifie littéralement « art populaire fait par le peuple et pour le peuple ». Si la famille ÔHARA s’intéresse à l’art occidental, l’Occident s’intéresse également à l’art japonais puisque de nombreux artistes occidentaux s’intéresseront par la suite grandement au mouvement Mingei au point d’être influencés dans leurs créations, en atteste l’artiste française Charlotte PERRIAND. Une influence qui n’a pas disparu, bien au contraire. Étant donné sa nature, le Mingei pourrait bien être un mouvement intemporel au regard de la création de designers inspirés par le Mingei encore de nos jours.

 

Kurashiki Japan à Paris jusqu’au 2 février, informations pratiques dans votre agenda.

Le musée d’art ÔHARA (Ôhara Bijutsukan) : 1-1-15 Chuo, Kurashiki, Okayama.

Le musée d’arts folkloriques de Kurashiki (Kurashiki Mingeikan) : 1-4-11 Chuo, Kurashiki, Okayama.

 

 

Photo : ©2019 Japan FM.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.