Le dernier film de Hirokazu KORE-EDA, consacré par la Palme d’or lors du dernier Festival de Cannes, sortira en V.O.D le 17 avril, puis en DVD et Blu-ray le 24 avril !
Vous aviez raté « Une Affaire de famille » (« Manbiki Kazoku » en version originale) au cinéma ? Ou lors des projections à la Cinémathèque française ou la MCJP lors du 3ème volet de « 100 ans de Cinéma Japonais » ? Le dernier long-métrage qui a reçu la Palme d’or à Cannes en 2018 était sorti en salles le 12 décembre dernier, et est enfin annoncé en vidéo à la demande dès le 17 avril et en DVD et Blu-ray dès le 24 avril ! Hirokazu KORE-EDA s’intéresse de nouveau à la notion de famille, en mettant en scène l’histoire d’une famille atypique dont aucun des membres ne partagent de liens biologiques, tout en s’interrogeant, d’un point de vue sociétal, sur ce qu’est véritablement un foyer familial.
Synopsis officiel : Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même. D’abord réticente à l’idée d’abriter l’enfant pour la nuit, la femme d’Osamu accepte de s’occuper d’elle lorsqu’elle comprend que ses parents la maltraitent. En dépit de leur pauvreté, survivant de petites rapines qui complètent leurs maigres salaires, les membres de cette famille semblent vivre heureux – jusqu’à ce qu’un incident révèle brutalement leurs plus terribles secrets…
Le rapport familial a souvent été un thème central dans les films de Hirokazu KORE-EDA, mais dans « Une Affaire de famille », il s’intéresse cette fois à ce qui constitue une famille tandis que les membres du foyer ne sont pas unis par des liens biologiques mais par les crimes et délits qu’ils commettent pour survivre. C’est d’ailleurs après le grand séisme du Tôhôku qui l’a poussé à « explorer la nature de ces rapports [familiaux] ». Une autre affaire de société très médiatisée en 2010 l’avait également incité à faire le film : celle des arnaques aux pensions de retraite, après quoi le réalisateur s’était demandé dans quelles mesures ce genre de délits étaient plus graves que d’autres crimes, qui ne sont cependant pas punis par la justice.
L’avis de Yuuki K. :
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Au Japon, plusieurs affaires d’enfants décédés après des actes de maltraitances répétées de la part de leur(s) parent(s) biologique(s) ont choqué dans le monde entier depuis plusieurs années. Malgré des textes de lois censés les protéger, le nombre d’enfants maltraités ou victimes d’abus sexuels ne fait qu’augmenter d’année en année au Japon. Plus récemment, le comité des droits des enfants auprès de l’ONU a émis une recommandation publique quant aux sévices corporels infligés aux enfants, urgeant alors le Japon d’y mettre un terme et d’appliquer les lois. En réponse à cette note de l’ONU, le gouvernement japonais a annoncé ce mardi 19 mars, avoir approuvé un projet de texte de loi interdisant toute punition corporelle sur des mineurs. Un amendement qui viendrait compléter la loi de prévention sur la maltraitance d’enfants, mais qui ne devrait néanmoins pas faire encourir de pénalités aux agresseurs. En dehors de la question du châtiment corporel sur les enfants, mais qui concerne celle du bonheur des enfants, Japan FM avait eu l’occasion d’assister à une table ronde sur les enfants franco-japonais privés de l’un des parents en cas de conflit, durant lequel des intervenants évoquaient leur inquiétude du respect du droit des enfants au Japon. « Une Affaire de famille » nous fait nous questionner sur cette notion de famille, et si l’on est réceptif, brise notre conception « normée » de la famille. Certes, la famille en question a largement ses défauts, puisqu’elle survit grâces aux vols pratiqués régulièrement par tous les membres, y compris les plus jeunes. Mais, si on peut blâmer un adulte d’inciter des mineurs à commettre un vol dans un contexte de pauvreté, est-ce plus grave que si un parent bat son enfant ou le néglige complètement, le privant d’affection, d’attention et du droit à être heureux ? Un sujet finalement universel !
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C’est tout ça qu’évoque Hirokazu KORE-EDA, sans jamais aller dans le pathos ni dans les dialogues inutiles. Le film demeure pourtant très émouvant puisqu’on s’attache aux protagonistes principaux et on ne peut s’empêcher d’éprouver un sentiment d’injustice. En plus, c’est un vrai plaisir que de retrouver deux acteurs récurrents de la filmographie de Hirokazu KORE-EDA : le brillant Lily Franky dans le rôle du patriarche loser et la remarquable et regrettée Kirin KIKI, dont il s’agit d’un de ses derniers rôles au cinéma, dans celui d’une grand-mère bienveillante mais malicieuse. Enfin, s’il fallait un argument supplémentaire pour vous convaincre de voir ce film, c’est la bande originale composée par Haruomi HOSONO !
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