Ce 10 avril 2019, une réunion de soutien en vue du procès civil de Shiori ITO, en présence de la journaliste, s’est tenue à Tôkyô. L’occasion de lancer également un mouvement de soutien pour toutes les victimes d’agressions sexuelles.
C’est au Bunkyo Civic Center, grand bâtiment municipal de Bunkyô, à Tôkyô, que s’est tenue une conférence prévue initialement pour 100 personnes sur réservation. C’est au final 150 personnes, dont plusieurs journalistes -Japan FM inclus, beaucoup de femmes et quelques hommes, qui sont venus écouter les différentes interventions. L’audience a pu ainsi entendre les témoignages de plusieurs femmes, certaines désirant rester anonymes et d’autres n’hésitant pas à s’exposer pour que les choses puissent changer sur la question du harcèlement et des agressions sexuels. C’est le cas notamment de femmes à la tête d’associations en aide aux femmes victimes de violences sexuelles, mais aussi de Yoshiko HAYASHI, journaliste qui est à la tête du Women In Media Network Japan. Si désormais le réseau compte plus d’une centaine de femmes journalistes, ces dernières demeurent anonymes. Et si des femmes comme Shiori ITO ou Yoshiko HAYASHI n’hésitent pas à dévoiler leur identité, c’est pour protéger et parler au nom de ces autres femmes, en attendant que les choses changent. Parce que le risque de perdre leur emploi et de perdre toute vie sociale est beaucoup trop important pour les femmes japonaises qui se risqueraient à dénoncer leur agresseur et à demander justice. La présidente du WIMN Japan invite alors les journalistes présents dans la salle à ne plus hésiter à parler de ces affaires de harcèlement et d’agressions sexuels, afin que les mentalités puissent évoluer.
Dans le cas de Shiori ITO, la Justice japonaise a refusé de poursuivre au pénal, en classant l’affaire sans suite en septembre 2017, celui que la journaliste dénonce comme étant son violeur. A défaut de pouvoir le faire condamner sur des charges criminelles, il lui reste la possibilité de le poursuivre au civil. Mais, si elle réclamait alors 11 millions de yens de dommages et intérêts, Noriyuki YAMAGUCHI a rétorqué en février 2019 en lui réclamant dix fois plus, soit 130 millions de yens ! C’est donc pour cette raison, pour soutenir financièrement et moralement Shiori ITO qu’a été lancé le mouvement « Fight Together With Shiori »*, invitant à réunir tou(te)s celles et ceux ayant employé les hashtags tels que #MeToo, #WithYou ou encore #WeToo. Il s’agit alors d’un soutien direct pour Shiori ITO afin de l’aider à trouver des financements pour le procès civil, et la soutenir physiquement lorsque le procès sera ouvert au public lors des plaidoiries.
Ce même jour, c’est un autre mouvement destiné à aider toutes les femmes victimes d’agressions sexuelles qui a été lancé : « Open the Black Box », en référence à « la Boîte noire », titre du livre de Shiori ITO (pour la traduction française), un terme pour signifier la difficulté d’obtenir des preuves puisque l’agression sexuelle s’est déroulée dans une pièce fermée sans témoin et sans caméra. Un terme pour signifier également la difficulté pour les victimes d’avoir accès à l’enquête dans le cas d’un crime sexuel mais aussi la procédure judiciaire. Pour soutenir toutes les femmes confrontées à cette situation de « boîte noire », ce mouvement a donc été également lancé.
*Ndla au 14.04.2019: Pour être plus précis, le mouvement initial en soutien à Shiori ITO s’appelait « Fight Together With Shiori ». Lors de cette réunion du 10 avril, il avait été décidé que le mouvement serait renommé « Open the Black Box », afin d’inclure toutes les femmes victimes de violences sexuelles, et ne pas se centrer uniquement autour de Shiori ITO. Sa demande de procès pénal ayant été rejetée, il s’agit donc de poursuivre le combat pour faire changer les mentalités, de permettre à d’autres victimes de pouvoir parler et de les aider à « ouvrir la boître noire ».
Photo : Shiori ITO a prononcé quelques mots à la fin de cette réunion ©2019 Japan FM.
Une réflexion sur “#MeToo : Lancement d’un mouvement de soutien pour Shiori ITO et pour toutes les victimes”