RHYME, un jeune talent à suivre à Tôkyô

Nous partons à la découverte d’une jeune artiste australienne de 23 ans basée au Japon et qui, après avoir collaboré dans le dernier album de MONDO GROSSO, vient de sortir son premier EP « Internet Girl ». Elle se dévoile au cours d’une interview (publiée initialement sur Japan FM en mai 2018).

Notre toute première rencontre avec Rhyme se fait à Paris, durant la Fête de la Musique du Guilo Guilo en 2017. Jeune femme originaire d’Australie de 22 ans alors, RHYME venait depuis peu de s’installer au Japon, pour une résidence de DJ, mais c’est très rapidement que son oreille musicale convainc les producteurs sur place. C’est ainsi qu’elle rencontre le producteur, compositeur, musicien et DJ, Shinichi OSAWA, alias MONDO GROSSO, qui l’invite à collaborer avec lui. Elle figure alors sur le dernier album de l’artiste « Attune/Dettune »  avant de sortir son premier EP, « Internet Girl », le 15 avril dernier. Mais la jeune musicienne ne s’arrête pas là puisqu’elle vient de lancer une collection mode en collaboration avec WAWW Tôkyô et prépare déjà son premier album ainsi qu’un projet commun avec Shinichi OSAWA. Pour Japan FM, RHYME nous raconte son parcours musical, ses projets, ses rêves et quelques bons plans sur Tôkyô !

Rhyme est également DJ, elle devait s’installer quelques temps au Japon pour une résidence et a finalement emménagé là-bas. Avec l’aimable autorisation de Rhyme.

Japan FM: Bonjour Rhyme ! Vous êtes une jeune artiste australienne basée désormais au Japon. Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur vous et ce qui vous a amenée vers la musique ?

RHYME: La musique est venue à moi naturellement, parfois c’est une malédiction, mais la plupart du temps c’est une bénédiction. Ma famille a un background rock’n’roll très classique en Australie, mon père étant un compositeur et était le guitariste leader du groupe The Screaming Jets ainsi que pour le groupe Choirboys. Ma mère a relooké des artistes de scène et est une make up artist. Une éducation plutôt libre en somme. Quant à moi, mon oreille capte les gammes mineures et mes mains sont attirées vers la belle et étrange poésie qui fusionne les mondes imaginaires et la réalité. Je ne suis pas futuriste mais j’ai vu des bribes de l’avenir. Les gens m’intéressent.

 Avec l’aimable autorisation de Rhyme

JFM: Comment vous-êtes décidée à venir puis à emménager au Japon ?

RHYME: Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours su qu’un jour je vivrai au Japon. En fait, les deux pays qui m’intéressaient le plus étaient la France et le Japon, car la célébration des subtilités, la nourriture, la musique et réciproquement stimulent ma créativité. Mais quand je suis retournée au Japon la troisième fois pour commencer ma résidence de DJ, j’ai pensé que le destin m’avait guidée vers ma voie et j’ai saisi cette opportunité pour aller de l’avant. Soit de changer mon plan de départ qui était de déménager aux Etats-Unis en 2017 pour continuer ma musique.

JFM: Maintenant, votre premier EP « Internel Girl » est sorti sur Bandcamp, ainsi que sur iTunes et Spotify. Les paroles décrivent un monde assez effrayant où nos téléphones deviennent la norme et nous rendent narcissiques ! En même temps, dans votre prélude, vous incitez tout le monde à être conscient de ce monde en évolution et d’agir sans se trahir. Et puis la jaquette de cet EP vous montre sur un écran de téléphone et on remarque que la batterie est à 6,66% ! Internet c’est le mal ?

RHYME: C’est  incroyable, vraiment. On ne peut pas nier la manière dont est notre monde en ce moment. Je ne suis ni pour ni contre à 100%, et je ne crois pas non plus aux concepts matériels concrets. Mais en ce qui concerne nos propres téléphones/vies/réseaux sociaux, c’est une épidémie. « Internet Girl » parle surtout des effets négatifs sur l’estime de soi des filles à travers la comparaison, comme un besoin d’approbation ou de se conformer à un certain stéréotype. Je viens de sortir de ma période d’adolescence donc j’ai dû faire face à beaucoup d’interrogations personnelles et que, je crois, d’autres filles comprennent. Dès que j’ai admis cette situation, j’ai senti un poids en moins sur mes épaules. Quant à l’artwork [de la jaquette], il a été réalisé par Rafael AVCIOGLU et photographié par Yulia SHUR. C’est l’agencement d’Instagram avant que le post ne soit publié. La batterie à 6,66% montre que je suis épuisée, vidée sans plus aucune énergie. 666 est un pense-bête pour vous rappeler d’écouter votre cœur et non votre tête, et il a pour message que l’accent est mis sur les illusions d’un plan matériel. Le téléphone est matériel (mauvais). Nous devons faire attention à ne pas en abuser.

JFM: Votre voix n’est pas inconnue au public car vous avez votre propre version en anglais de « Kemuri » (clip ci-dessus) dans le dernier album de MONDO GROSSO ! Comment avez-vous commencé à travailler ensemble ?

RHYME: C’est définitivement le destin qui m’a permis de rencontrer Shinichi [OSAWA] et on ne peut pas nier que nos valeurs et nos goûts coïncident et fonctionnent bien ensemble. MONDO GROSSO a une histoire musicale mondiale si profonde et j’ai été ravie de faire partie du nouvel album « Attune/Dettune » incluant un poème original (titre n°5) qui reflète ce que MG fait au Japon et dans le monde.

JFM: Shinichi OSAWA est aussi connu pour être un producteur bien que la première fois que je vous ai rencontrée, c’était à Paris l’an dernier pour la Fête de la Musique du Guilo Guilo où il est un invité annuel en tant que DJ avec d’autres musiciens électro/house. Et il vous a aussi aidé sur quelques titres de votre EP. Puis vous avez également annoncé un projet à venir avec lui, pouvez-vous m’en dire plus ?

RHYME: Oui ! C’était génial de vous rencontrer à la dernière Fête de la Musique à Paris ! Japan FM est incroyable, nous vous aimons !

Shinichi est incroyable, un génie… Pionnier en musique. Il fait partie de mon univers musical depuis que nous nous sommes rencontrés et en fait il a aussi produit « LA#TRAP » qui est dans « Internet Girl ».

Quant à notre projet commun, nous avons écrit durant les neuf derniers mois ensemble et désormais nous essayons d’inventer un nouveau son, emprunté à la dance music/break beats/techno et le hip hop. Lyriquement parlant c’est amusant de toucher à des concepts similaires de culture moderne/pop culture et aux rêves de l’enfance. Nous avons hâte de vous partager la setlist finale. Laissez-nous encore quelques mois, nous arrivons en FRANCE.

JFM: Vous n’êtes pas seulement chanteuse, vous composez et écrivez vos chansons ! (Et elle est aussi productrice sous l’alias Anonymity Cosmos). Vous écrivez beaucoup d’ailleurs comme on peut le voir sur les réseaux sociaux. Or Rhyme signifie en français « vers », « poème », « rime ». Quel prénom prédestiné ! Utilisez-vous tous vos textes pour vous ou écrivez-vous pour d’autres artistes (ou le souhaitez-vous) ?

RHYME: Grâce à l’immense pression donnée par mon prénom, effectivement j’ai dû m’accomplir dans la poésie dans le temps. Haha, mais j’aime vraiment faire des rimes et voir ce que les poèmes peuvent donner. Il y a tant d’auteurs talentueux dans le monde et en écrivant je peux les rencontrer et me mettre en contact eux ainsi qu’avec des gens intéressés par les mots et le changement. C’est le paradis. J’ai la liberté d’écrire entièrement ma propre musique et j’ai aussi la chance d’écrire désormais les paroles pour d’autres artistes (et un robot Idole!!!) et actuellement je suis en train d’écrire pour quelques-uns à Tôkyô. J’ai le sentiment d’avoir la capacité d’écrire pour plein de chansons.

Rhyme porte un des t-shirts issus de sa collaboration avec WAWW Tôkyô. Avec l’aimable autorisation de Rhyme.

JFM: La musique n’est pas votre seul talent ! Si vous êtes aussi mannequin, vous avez fêté récemment une collaboration avec une boutique japonaise, WAWW. Vous proposez des vêtements qui sont maintenant en vente (en ligne et à Tôkyô). Comment cette collaboration est née et cette collection est-elle disponible à l’international à travers la boutique en ligne ?

RHYME: OUI !!!! Je suis fière de présenter en ce moment une nouvelle approche du vêtement avec WAWW Tôkyô. C’est une combinaison d’éléments japonais avec un design de Daisuke KOSAKAI avec des poèmes originaux et des photos que j’ai préparé. Ce n’est pas une très grande série mais les designs sont simples et puissants. Suffisamment simples pour en avoir un dans votre collection, en édition limitée ! (sur la boutique en ligne WAWW)

JFM: Parlons un peu du Japon. Etait-ce difficile d’y emménager ?

RHYME: Bien sûr !!!! OMG oui, mais c’était amusant de faire en sorte que ça marche.

JFM: Vous dites quelques mots japonais dans votre EP, parlez-vous japonais et allez-vous essayer de chanter entièrement en japonais à l’avenir ?

RHYME: En effet, mon projet est d’incorporer d’avantage de japonais dans ma musique. Un de mes rêves est de chanter une chanson intégralement en japonais. Notre projet à Shinichi et moi contiendra exactement une moitié de texte en anglais et une moitié en japonais. C’est hypnotisant et apporte une nouvelle approche sur le dance floor.

JFM: Vous connaissiez la J-pop auparavant ? Et quels sont vos artistes japonais favoris ?

RHYME: Grande fan, la musique pop du Japon m’a fait danser à travers le salon depuis l’Australie jusqu’à mon domicile actuel. Bien sûr je connaissais le travail de Shinichi OSAWA avant de le rencontrer et il a toujours été mon producteur préféré. J’aime aussi beaucoup les musiques des films Ghibli, « Angel Beats », Nujabes, KOHH, Elle Teresa (j’ai participé récemment sur son album rap). J’aime aussi les sons classiques authentiques qu’on peut entendre en errant dans les temples et dans les villages couverts de tatamis. Des musiques de différentes époques qui fusionnent l’ancien et le nouveau.

JFM: Qu’est-ce que vous aimez le plus au Japon ? Et ce que vous aimez moins ou qui vous manque par rapport à l’Australie ?

RHYME: Ah, c’est un sujet si vaste! J’adore la culture ici, la façon dont ça fonctionne et l’efficacité du développement. Je n’aime en revanche pas trop la chaleur estivale, le manque de piscine et la culture de l’océan. Il y a une chose qui me manque beaucoup de l’Australie c’est la plage et le mode de vie surf.

JFM:  Vivant à Tôkyô, des spots que vous recommandez ?

RHYME: Sûrement, appelez-moi. Pour manger vegan : 8ablish, Lapaz and Baloon. Pour la vie nocturne : Ginza Music Bar, TRUNK HOTEL. Beaux endroits : Inokashira Park. (Sans oublier d’aller au Ghibli museum)

JFM: Parlons d’avenir : vous avez annoncé que votre titre bonus « Planning Revenge » est prévu pour figurer sur votre premier album en 2019 ! Avant votre EP, vous mettiez régulièrement sur Soundcloud vos compositions et on peut constater que vous avez beaucoup créé ! Du coup pourquoi 2019, cela paraît loin ?

RHYME: J’ai réalisé que j’avais encore beaucoup à apprendre et je ne veux pas précipiter mon chef-d’œuvre. Mais ces dernières années j’ai développé un album et j’ai pas mal d’ébauches et d’histoires derrière. Cela demande plus de temps et d’aide. Je veux me donner les moyens et créer d’une manière ou d’une autre une formule pour s’élever spirituellement avec des sons, des visuels  et des fréquences. Je travaille sur des théories avec de merveilleux producteurs et idéalistes entre ici (Japon), New York et Paris. Puis-je trouver toute personne intéressée par les fréquences apaisantes.

JFM: Pour terminer, quel est votre rêve en tant qu’artiste ?

RHYME: CONTINUER A ETRE UNE ARTISTE.

RHYME, « Internet Girl », sorti le 15 avril sur Bandcamp, iTunes et sur Spotify, à découvrir le clip d’ « Internet Girl Confession (prelude) ».

Tracklist « Internet Girl »

1. Pressure To Conform

2. Internet Girl Confession (Prelude)

3. Internet Girl

4. LA#TRAP

5. Pretty Girl Feels

6. Planning the Revenge (bonus track)

Remerciements à Rhyme.

Photo : avec l’aimable autorisation de RHYME.

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