
Deux représentations de Ningyô Jôruri d’Awa se sont tenues à Paris, le 23 septembre à l’UNESCO et le lendemain à la Maison de la Culture du Japon à Paris. Une première en France pour cet art traditionnel inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité depuis 2008 !
Le Ningyô Jôruri est le théâtre de marionnettes accompagné d’un récit chanté et d’instruments. D’ailleurs, « ningyô » signifie « poupée » ou « marionnette » et « jôruri » signifie « histoire chantée accompagnée au shamisen ». C’est un genre de théâtre dramatique qui est étroitement lié au Bunraku et qui est apparu au début de la période Edo, dans le département de Tokushima.

A l’occasion d’une présentation à l’UNESCO de « l’esthétique et esprit du Japon » à travers ses matsuri et le washoku, les spectateurs.rices ont pu assister à un petit concert de hayashi, la musique accompagnant les matsuri, au shamisen et koto par Shôko ÔTANI, avant une conférence donnée par Chôjun ÔTANI, président du Cercle Âme du Japon, moine maître du Honganji (une école de bouddhisme), francophone et auteur du livre Le bouddhisme face au monde contemporain. Cette conférence donnait des explications sur ce que sont les matsuri à partir du plus ancien texte japonais, le Kojiki. Ainsi, les premiers matsuri seraient apparus il y a plus de 2000 ans et ont une telle importance depuis toujours pour les Japonais que certains consacrent toute l’année à se préparer à cette célébration ! Si en France, et moi inclus, on avait tendance à traduire « matsuri » par « festival », Chôjun ÔTANI a demandé durant cette conférence à ce qu’on ne traduise pas ce terme, car les matsuri sont l’essence du Japon au point que « connaître les matsuri, c’est connaître le Japon » ! Et quel meilleur moyen que le patrimoine vivant pour relier les peuples, comme l’a déclaré Eriko YAMATANI, membre de la chambre des Conseillers et nouvelle présidente du groupe parlementaire d’amitié France-Japon au Sénat, venue à Paris pour l’occasion !

Lorsqu’on évoque Awa, on pense le plus souvent en France, du moins pour les connaisseurs, à l’Awa Odori. Logique puisque ce matsuri a été présenté à plusieurs reprises et dernièrement durant Japonismes 2018. Le Ningyô Jôruri est également un matsuri, et a été reconnu comme Bien culturel immatériel important du Japon. Il existe par ailleurs un musée dédié appelé Awa Jurobe Yashiki à Tokushima où l’histoire de cet art est présentée sous forme d’exposition et où les visiteurs peuvent assister à des représentations tout au long de l’année. Une particularité du Ningyô Jôruri est que pour manipuler et donner vie aux marionnettes, cela nécessite parfois 3 personnes comme indiqué sur cette photo ci-dessous. Outre les marionnettistes, il y a donc un.e récitant.e et un.e musicien.ne accompagnant le récital chanté au shamisen. Enfin, le décor fait partie intégrante de cet art traditionnel grâce aux panneaux pivotants ou fusuma karakuri.

A l’occasion de cette représentation exceptionnelle en France, ces panneaux ont été numérisés, qui plus est en 4K ! A la Maison de l’UNESCO, après la conférence de Chôjun ÔTANI, nous avons pu assister à des représentations de Ningyô Jôruri d’Awa par la troupe Katsuuraza à travers deux pièces : le Shiki Sanbasô (vous pouvez trouver un court extrait sur l’Instagram du blog) et la scène du monastère de Tsubosaka, issu du Miracle de Kannon de Tsubosaka ! Le lendemain, celles et ceux qui sont allés à la MCJP ont pu découvrir une autre scène de cette pièce ainsi que le Shiki Sanbasô et la danse d’Ebisu.
Le but de cet évènement exceptionnel étant de faire découvrir la richesse du patrimoine culturel de Tokushima, c’était aussi l’occasion d’en savoir un peu plus sur cette région à travers les spots touristiques ainsi que sa gastronomie. Mais cela fera l’objet d’un autre article. Les représentations étant terminées, impossible de vous dire si la France accueillera de nouveau des spectacles de Ningyô Jôruri. Alors si vous comptez vous rendre au Japon, pourquoi pas envisager de découvrir Tokushima ?
Pour en savoir plus sur le Ningyô Jôruri, allez sur la fiche de l’UNESCO.