Dans le cadre de l’exposition Ao : le bleu dans l’artisanat japonais, visible jusqu’au 20 mars à l’espace DENSAN, le maître artisan Takayuki TASHIRO de l’atelier Tafusa Dyeing Weaving était venu à Paris présenter l’artisanat du Murayama Oshima Tsumugi.

Les 28 et 29 février dernier, l’espace DENSAN organisait une présentation suivie d’un workshop. C’est dans ce cadre que nous en apprenons un peu plus sur une technique de tissage et de teinture appelée Murayama Oshima Tsumugi. Takayuki TASHIRO, artisan de 4ème génération, raconte au public présent les origines de cette forme de teinture et de tissage, apparue durant l’ère Edo, vers 1700, dans la ville de Musashimurayama, à Tôkyô. Les terres étant peu propices à la riziculture, les habitants se sont tournés dans la culture de mûriers afin de permettre l’élevage de vers à soie. Ce n’est pourtant pas le tissage de la soie qui est initialement privilégié puisque s’y développe d’abord le tissage de vêtements en coton avec des motifs teints, le Murayama kasuri. Malheureusement, c’est un artisanat en déclin avec la Seconde guerre mondiale et les artisans se tournent alors vers le tissage de fil de soie. Takayuki TASHIRO souligne que la transition était facile puisque la culture de vers à soie était déjà installée. Avant cela, afin de parfaire leur savoir-faire, les artisans sont allés dans le département de Gunma mais la technique étant compliquée à apprendre, la ville a plutôt invité des artisans de Gunma à venir chez eux, et c’est ainsi que l’artisanat du Murayama Oshima Tsumugi s’est réellement développé à Musashimurayama.

Après la préparation du fil de soie, il s’agit de teindre par aspersion les fils en les plaçant entre des plaques en bois aux motifs gravés, les parties des fils situées dans les fentes de ces planches de bois étant celles non teintes. Ensuite, les fils sont séparés puis tissés entre eux, ce qui donne un rouleau de tissu. C’est donc un artisanat qui nécessite d’être exigeant et méticuleux afin de ne pas faire d’erreurs. Pour Takayuki TASHIRO, il lui a fallu 5 à 10 ans pour apprendre et parfaire la technique ! A noter que le Murayama Oshima Tsumugiest très proche du Oshima Tsumugi en provenance du département de Kagoshima. Il y a néanmoins trois particularités au Murayama Oshima Tsumugi : les fils à motifs teints avant le tissage, la production du fil et l’épaisseur, et ce savoir-faire est reconnu depuis 1967 comme un Bien culturel immatériel de Tôkyô, avant d’être reconnu en 1976 comme un artisanat traditionnel par le Ministère japonais de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie. Il faut dire que la fabrication d’un tissu selon cette technique nécessite plus de quarante étapes, en partant de la préparation du fil ! L’atelier Tafusa Dyeing Weaving, où travaille Takayuki TASHIRO, a été fondé en 1912. Là-bas, toutes les étapes allant de la préparation du fil à soie au rouleau de tissu y sont réalisées, sans passer par d’autres artisans. Un nombre important d’étapes qui prennent du temps, 3 mois en tout environ.

Une fois le tissu achevé, l’artisan dépend des aléas de la météo puisque le tissu est systématiquement séché en extérieur, à la lumière naturelle. Si la météo est clémente, c’est une étape qui s’avère rapide puisqu’il faut seulement 2h pour qu’un tissu sèche.


Les fils de soie à motifs et le matériel pour les teindre dans une autre couleur pour le workshop ©TokyoatParis
De nos jours, de moins en moins de personnes se procurent des kimonos. Cependant cet artisanat survit à travers d’autres réalisations comme des écharpes ou encore d’autres accessoires. Pour montrer au public français la technique de peinture sur un tissu, le workshop a réuni 12 participants en binôme et leur a proposé de réaliser un bracelet avec des fils à motifs.

Outre les tissus de soie teints selon la technique du Murayama Oshima Tsumugi, d’autres objets de l’artisanat japonais sont à découvrir dans le cadre de l’exposition Ao : le bleu dans l’artisanat japonais, à voir jusqu’au 20 mars à l’espace Densan.
Photo: ©TokyoatParis