Je vous souhaite une très bonne année à tous ! En espérant que 2022 nous permette de voyager librement vers le Japon, quelles qu’en soit les raisons, et que n’ayons plus à nous inquiéter des gestes barrières, des masques, des tests etc… Bon, je vous l’annonce tout de suite, ça commence mal ! Mais verrait-on le bout du tunnel ?
Nous voilà en 2022 et pourtant, l’année démarre bien mal. Le variant Omicron semble s’installer, et est de toute évidence plus transmissible que les variants précédents. Apparu officiellement en novembre, l’émergence de ce variant a provoqué un nouveau repli de la part du gouvernement japonais. Tandis que de nombreux étudiants, chercheurs, ou encore voyageurs d’affaire, voyaient une lueur d’espoir lorsque début novembre il fut annoncé un allègement progressif de la fermeture des frontières pour certains cas, celle-ci fut de très courte durée. Depuis mars 2020, les étrangers ne peuvent plus atterrir au Japon sauf exceptions. Si seulement cette interdiction ne concernait que les touristes, cette mesure pourrait être comprise et acceptée, mais le pays refuse tout autant l’entrée des conjoints et enfants de ressortissants japonais ou de résidents permanents à moins de justifier de « circonstances exceptionnelles spéciales ».
Selon des chiffres rapportés par France 24, 370 000 individus dans le monde attendent d’entrer au Japon bien qu’ils aient obtenu leur visa. Avec l’inquiétude du variant Omicron, et un premier cas officiel au Japon annoncé fin novembre, les espoirs se sont envolés car le pays a décidé de refermer ses frontières dès le 30 novembre 2021. Ce qui n’a pas empêché le virus de se propager, en atteste une hausse de cas confirmée ces dernières semaines. Pire encore pour toute cette population attendant de venir depuis parfois 2 ans, courant décembre, le gouvernement japonais annonce une exemption pour entrer sur le territoire pour les voyageurs les plus fortunés, entrant au Japon avec un avion ou un bateau privé. Imaginez la frustration ! Problème : une grande partie de la population japonaise semble approuver les mesures strictes aux frontières, près de 90% d’après les sondages, accusant au passage les militaires américains de propager le nouveau variant à cause du record de cas à Okinawa. D’autres se battent pour demander à mettre fin à ce qu’ils considèrent comme une absurdité. D’autant que si les étrangers sont interdits d’entrée au Japon, les Japonais, eux, peuvent voyager librement dans le monde, quelle que soit le motif du voyage, et sans nécessairement subir une quarantaine dans le pays de destination, ce qui est vécu comme une profonde injustice par tous ceux bloqués en dehors du Japon. Ainsi, avant l’apparition du variant Omicron, c’était en septembre 2021, la puissante Fédération des organisation économiques japonaises ou Keidanren avait appelé le gouvernement à alléger les mesures d’entrée sur le territoire, par crainte des répercussions sur l’économie du pays. Plus récemment, des individus ont lancé une pétition pour demander un allègement des mesures aux frontières. C’est le cas de l’artiste japonais Takashi ARAI, dont l’épouse est de nationalité allemande et ne peut le rejoindre au Japon, et de la chercheuse canadienne et américaine Melek ORTABASI, qui, arrivée en octobre dernier au Japon pour un poste de chercheuse, avait dû laisser ses 3 enfants au Canada alors qu’elle est mère célibataire et avait témoigné sur internet (en anglais) de sa bataille pour obtenir la précieuse exemption afin que ses enfants la rejoignent en fin d’année. Initiateurs de la pétition, celle-ci a été remise en début d’année au ministre japonais des Affaires étrangères, signée par 12 000 personnes (la pétition étant toujours valide, il y a près de 15 000 signataires actuellement). Si la presse japonaise a relayé cette information, il n’y a cependant pas eu d’effets positifs. Le Premier ministre vient en effet de dévoiler sa décision, très attendue ce 11 janvier, et sans trop de surprise, les mesures d’interdiction d’entrée sur le territoire sont prolongées jusqu’à fin février. Si les médias avaient annoncé peu avant une possible exemption pour les ressortissants étrangers ayant de la famille japonaise et les étudiants étrangers, rien n’a été formellement annoncé par le Premier ministre qui précise seulement « [prendre] les mesures nécessaires d’un point de vue humain et en considérant l’intérêt national ». Sans oublier qu’au même moment, les départements d’Okinawa, Hiroshima et Yamaguchi étaient placés en état d’urgence. Impossible de prédire ce qui se passera après février. Jusqu’ici, le pays n’a fait que se barricader, ne laissant entrer que pour « circonstances exceptionnelles spéciales» des sportifs, leur staff et des médias pour Tokyo 2020 ou encore des artistes participant à des festivals, mais il n’y a jamais eu de confinement tels que vécus en Europe.
Ces deux dernières années, je me suis contentée d’observer et de continuer ce blog le plus possible en dépit des circonstances. En réalité, la situation sanitaire a été parfois difficile à vivre moralement. Avec mon associé, nous avions ouvert notre entreprise, Japan Exclusive, un mois avant le premier confinement en France. Et avec des projets tournés essentiellement autour du Japon, autant vous dire que cela a été difficile à digérer plus le temps passait et plus le même scénario semblait se répéter. En fait, nous avions surtout un projet tourné vers le tourisme vers le Japon que nous voulions développer. Cela attendra encore un peu, malheureusement ! Au-delà de la vie professionnelle, j’ai aussi de la famille au Japon. Bien sûr, ma situation personnelle n’a rien à voir avec la souffrance vécue par tant d’autres. Certes, il me tarde de voir mes proches, de les serrer dans mes bras et de partager un bon repas avec eux, mais avant de travailler pour Japan FM, je ne m’étais pas rendue au Japon pendant au moins 15 ans en raison de circonstances privées et par conséquent je n’avais pas vu ma famille du côté maternel pendant tout ce temps. Cela ne m’affectait pas particulièrement à l’époque. Mais depuis 2015, mon mari et moi nous rendons au moins une fois par an là-bas, pour travailler comme pour passer du temps de qualité avec ma famille, et c’est devenu un rendez-vous familial que nous avons hâte de partager et apprécions. Heureusement, les technologies actuelles facilitent le contact. Je n’ose imaginer subir cette même pandémie il y a 15 ou 20 ans, à une époque où internet n’était pas aussi généralisé et où les réseaux sociaux, et autres applications de communication n’existaient pas. C’est d’ailleurs grâce à ces applications que j’ai eu l’occasion d’échanger avec des personnes coincées tels que des étudiants (dont je souhaite pouvoir en parler plus longuement sur ce blog prochainement), des expatriés sur place et d’autres professionnels travaillant avec le Japon. Parfois, on me rapporte des projets voire des rêves sur lesquels il faut faire une croix, car, qui peut se permettre de mettre sa vie entre parenthèse pour une durée indéterminée pendant que le reste du monde continue à tourner ?
Je relativise donc pour mon cas personnel et je continue à patienter, toutefois, j’espère de tout cœur que 2022 mettra progressivement cette pandémie derrière nous, bien que nous ne sommes pas à l’abri de nouveaux variants. Au moment où je termine cet édito, j’ai envie croire (à tort peut-être ?) qu’Omicron soit ce variant qui rendra la Covid-19 moins offensive pour l’humanité et qui permettrait alors enfin un retour à une vie plus légère. Si ces deux dernières années ont certainement été marquées par la capacité de résilience de chacun, j’ai envie de vous souhaiter un peu plus d’insouciance en cette année 2022 ! Bonne année 2022 ?
Photo : Restons serein à l’image du Grand Bouddha de Kamakura ©Japan Exclusive
Une réflexion sur “Edito : 2022, espoir ou nouvelle année de galère ?”