Toucher le feu. Femmes céramistes au Japon, à découvrir prochainement au MNAAG

Après les installations de Chiharu SHIOTA, découvrez des œuvres contemporaines de femmes céramistes japonaises dès le 1er juin jusqu’au 3 octobre 2022 au Musée des arts asiatiques – Guimet. C’est alors une saison japonaise très féminine et contemporaine qui s’expose au public, avec l’occasion en s’y rendant les premiers jours de visiter trois expositions sur le Japon.

Depuis six ans, et l’acquisition du vase Zenmai de l’artiste japonaise Hitomi HOSONO, le Musée des arts asiatiques – Guimet a pour un de ses principaux axes de se concentrer sur les céramiques contemporaines créées par des femmes. Cet intérêt pour l’art actuel n’est pas inédit puisqu’Emile GUIMET lui-même avait un grand intérêt pour l’art qui se faisait au moment où il se trouvait au Japon. Ainsi, il a réuni une collection remarquable d’objets en céramique de l’ère Meiji, aujourd’hui historique.  L’institution suivant cette même approche, résultat : une dizaine d’œuvres en céramique du XXème et du XXIème siècle et acquises (ou sur le point de l’être) par le musée, sont exposées au public avec d’autres œuvres issues de la collection du MNAAG. On vous en dit un peu plus sur ces femmes artistes qui, avant le XXème siècle, n’avaient pas le droit d’approcher cette pratique artistique et artisanale. Car avant la fin de la Seconde guerre mondiale, la céramique était exclusivement réservée aux hommes ! Les femmes n’avaient pas le droit de « toucher le feu », et seule la nonne et poétesse Rengetsu OTAGAKI fait figure d’exception, modelant l’argile pour y inscrire ses poèmes au XIXème siècle. Grâce à l’ouverture des formations, à l’Université des arts de Kyôto en 1946 puis à l’Université de Tôkyô en 1952, de nombreuses femmes sont devenues artistes et occupent désormais un rôle central dans la céramique contemporaine, comme nous l’indique le communiqué de presse du musée. L’exposition distinguera d’une part les œuvres créées dès l’ouverture de ce métier aux femmes, entre 1940-1960, où les créations se différencient par « [un renouvellement du] rapport à la matière » ayant tendance à privilégier une « matière rude, texturée, organique », où on sent nettement un jeu d’expérimentation de la matière, et d’autre part, les œuvres d’une génération plus jeune d’artistes, opérant « un retour à la porcelaine ». Avant de vous présenter brièvement les femmes dont les œuvres seront exposées, notez que la Carte blanche à Chiharu SHIOTA s’achevant début juin et L’arc et le sabre se terminant fin août, vous aurez la possibilité d’admirer trois expositions autour du Japon si vous venez au musée avant le 6 juin !

« Zenmai » (« Fougères »), Hitomi Hosono , 2016, © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Michel Urtado
  • Hitomi HOSONO, née en 1979, est la première femme artiste-céramiste du Japon à se retrouver dans la collection du musée en 2016. Après avoir débuté ses études supérieures à Kanazawa, elle a poursuivi son cursus à Copenhague puis à Londres. L’artiste y réside depuis l’obtention de son Master en 2009. Ses œuvres sont inspirées de la végétation de l’est de Londres ou encore des créations de la manufacture de poterie et porcelaine Wedgwood, où Hitomi HOSONO a été en résidence entre 2017 et 2018. Elle reproduit notamment avec détail, raffinement et délicatesse les plantes dans ses créations en céramique. Pour réaliser une création, notamment une grande pièce, il faut compter environ 1 an et demi de temps de création.
Vase, Hakuko Ono, vers 1980, © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
  • Hakuko ONO, née en 1915 et décédée en 1996, fait partie de cette première génération de femmes japonaises à se consacrer à la céramique. Issue d’une famille de potier dont le père était le fondateur d’un four Kinzan dans le département de Saga, Hakuko ONO a également appris les techniques auprès du Trésor national Hajime KATÔ. Elle s’est spécialisée dans le yûri-kinsai – soit l’application de feuilles d’or sous plusieurs couches de glaçure. Sa maîtrise de la technique et son œuvre remarquable font qu’elle est la 2ème femme à recevoir le prix de la Japan Ceramic Society (en 1980) et est nommée Bien Culturel intangible du département de Saga en 1992.
Cristaux et souvenirs, Machiko Ogawa, 2017 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
  • Machiko OGAWA, née en 1946, et originaire de Sapporo, a étudié à l’Université de Tôkyô auprès de maîtres tels que Haijime KATÔ, à l’instar de Hakuko ONO ! Elle a également poursuivi ses études en France à l’école des Arts et Métiers de Paris et a aussi été une lauréate du prix du Japan Ceramic Society. Son œuvre est reconnaissable par un aspect visuel proche de la glace craquelée ou à de la roche volcanique.
White form, Shoko Koike, 2019 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
  • Shoko KOIKE, née en 1943, est l’une des premières femmes diplômées du département de céramique de l’Université de Tôkyô ! Ses œuvres sont inspirés des éléments et de la nature, créant des formes irrégulières inspirées des coquillages par exemple.
Akoda (Potiron), Chieko Katsumata, 2017, © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
  • Chieko KATSUMATA, née en 1950, s’est d’abord fait connaître à l’étranger avant de connaître une renommée au Japon. Elle a d’ailleurs commencé sa formation de céramiste en France avant de poursuivre ses études au Japon où elle développe réellement son style. Elle s’est installée à Kyôto où elle a fait construire un four à céramique. L’œuvre de Chieko KATSUMATA s’exprime par des formes rondes, ressemblant à des potirons ou à des coraux, parfois à des végétaux, et surtout par sa technique consistant à appliquer sur ses céramiques de la glaçure colorée appliquée en plusieurs couches, chaque fois abrasées et cuites au four avant nouvelle application.

Forme 20-7 (Form 20-7), Sachiko Fujino, 2020 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
  • Sachiko FUJINO, née en 1950, après un début de parcours professionnel dans la mode, se spécialise dans la reproduction d’effets de drapés d’étoffes. C’est au début des années 80 qu’elle s’intéresse à la céramique et plus particulièrement l’argile. Elle étudie alors auprès d’une des deux pionnières, avec Haruko ONO, de la céramique contemporaine japonaise, Asuka TSUBOI ! Avec sa technique elle réalise des œuvres qui évoquent des fleurs en pleine éclosion.

Cut out – Ring 18-2, Kayoko Hoshino, 2018 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
  • Kayoko HOSHINO, née en 1949, se démarque par la création d’objets d’argile sombre, très organiques, aux décorations extérieures à la fois simples et très modernes par les motifs. Elle imprime à la paille ou avec un objet métallique sur ses formes, ce qui donne ces motifs d’aspect géométrique.
Rebirth, Yoshimi Futamura, 2017 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
  • Yoshimi FUTAMURA, née en 1959, a étudié au Japon à Seto avant de terminer ses études à Paris puis de s’y installer. Elle s’inspire quant à elle de la nature, notamment le bois et les profondeurs telluriques. Ses œuvres ont parfois cet aspect visuel de bois ayant vécu. Rebirth, acquis par le MNAAG en 2018, en est un parfait exemple.

Vase 20-F (Vessel 20-F), Junko Kitamura, 2020 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
  • Junko KITAMURA, née en 1956, est fille d’un artiste peintre et a étudié à l’Université des arts de Kyôto. Elle trouve son inspiration dans l’art ancien du buncheong de Corée du Sud. Elle réalise des formes pures ornées de motifs géométriques abstraits sur une base noire. Elle a étudié auprès de plusieurs figures influentes de la céramique dont le cofondateur du mouvement Sôdeisha, une association de céramistes avant-gardiste de l’après-guerre.  Ce mouvement s’est séparé officiellement en 1998, leur mission de modernisation, de changer la nature de l’art céramique, étant largement accomplie.

L’île de Cythère (Cythera Island), Kyoko Tokumaru, 2017 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
  • Kyoko TOKUMARU, née en 1963, réalise des œuvres parfois monumentales en s’inspirant des plantes et dévoile surtout dans son travail une méditation sur la germination. Des oeuvres très riches en détails, qui semblent parfois jouer avec la notion d’équilibre.

Sculpture blanche conique arrondie, Makiko Hattori, 2019 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
  • Makiko HATTORI, née en 1984, est comme Hitomi HORONO une artiste qui a besoin de temps dans son processus de création puisque ses réalisations nécessitent des mois de séchage. Dans chacune de ses oeuvres, elle cherche à créer une forme qui n’a jamais existé et étant surtout guidée par ses émotions, ses créations reflètent alors quelque chose de très personnel.
Yu Tanaka © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
  • Yû TANAKA, née en 1989, est la plus jeune des artistes exposées. Elle est diplômée de l’Université des arts de Kyôto Saga. Bien que sa carrière soit récente, son œuvre est identifiable par des formes sculptées emballées dans du tissu façon furoshiki, toujours de couleur jaune. C’est une artiste à suivre dont l’effet trompe-l’œil est remarquable, dont l’objectif pour celui qui regarde l’œuvre est d’imaginer ce qui peut se cacher sous le tissu.
Nuage, paire, Fuku Fukumoto, 2017 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
  • Fuku FUKUMOTO, née en 1973, s’inspire du ciel, plus particulièrement des étoiles, de la lune et du soleil, quand elle créée. Reflet de cette jeune génération d’artistes-céramistes, elle tend à façonner des formes plus simples et lisses, tout en étant cependant bien présentes. Ces formes jouent alors sur des juxtapositions et la notion d’équilibre.

  • Toucher le feu, Femmes céramistes au Japon du 1er juin au 3 octobre 2022 au Musée national des arts asiatiques – Guimet, 6 place d’Iéna 75116 Paris

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