A voir actuellement et tout l’été au Musée National des Arts Asiatiques – Guimet, Jardins d’Asie vous laisse explorer à travers les caractéristiques des jardins développés dans l’Inde moghole, la Chine et le Japon, où la recherche d’une harmonie a mené à un véritable art.
Dans l’exposition Jardins d’Asie, le musée Guimet propose une approche comparée selon trois thématiques : la structure et l’aménagement, les usages et plaisirs, et les références symboliques et littéraires.

Concernant les jardins japonais, de nombreuses oeuvres vous attendent, décrivant plusieurs caractéristiques de ces jardins et démontrant surtout l’importance de ce lieu dans le cœur des Japonais. Vous retrouverez notamment une estampe de Toyohara (connu aussi sous le nom de Yôshû) Chikanobu, de la série Chiyoda no Ooku. L’artiste est réputé pour avoir peint de nombreuses scènes de la vie quotidienne, principalement des bijinga ou belles femmes. D’ailleurs, si vous avez pu visiter la première partie de l’exposition Secrets de Beauté à la MCJP, vous avez pu voir de nombreuses estampes de cet artiste ! Dans Jardins d’Asie, vous verrez une estampe de cette même série décrivant trois femmes admirant le jardin fleuri d’iris violettes.

C’est aussi à travers le prisme d’œuvres plus anciennes et notamment du Dit du Genji de Dame Murasaki, de l’époque Heian, que les usages du jardin japonais se révèlent. Cette œuvre majeure dans la littérature japonaise donne de nombreuses descriptions des us et coutumes de la Cour de l’époque Heian. L’œuvre a un tel impact dans l’Art, en inspirant, même encore de nos jours, des artistes et des artisans qui mettent en image des scènes du roman : ce sont les Genji-e (en français, images du Genji). Dans cette exposition, vous aurez l’occasion d’admirer un rouleau du maître-tisserand Itarô YAMAGUCHI, crée au XXème siècle et légué au musée Guimet.

Boite en laque issu de l’ancienne collection de la Reine Marie-Antoinette, représentant une scène du Dit du Genji ©Japan Exclusive
En France, au XVIIIème siècle, la Reine Marie-Antoinette appréciait la laque japonaise, tant qu’elle s’était constituée une collection importante d’objets de laque, qui a ensuite été répartie entre les collections du musée Guimet, du château de Versailles et le musée du Louvre, et on retrouve ici une boîte ornée d’un motif du Dit du Genji.

On y trouve également un témoignage historique d’un étranger, en pleine période Bakumatsu, que le musée Guimet expose dans Jardins d’Asie. En 1863, le photographe italien et britannique Felice BEATO débarque à Yokohama. Jusqu’en 1868, il réalise de nombreux portraits de samouraïs et photographies de paysages sur place, pouvant se déplacer en suivant des délégations officielles étrangères. Dans Jardins d’Asie, le musée expose Jardin d’une résidence à Hara, sur la route du mont Fuji de l’album Views of Japan. Dans le texte qui accompagne cette photographie d’une famille dans son jardin, il est constaté que « les Japonais affichent un goût universel pour les jardins et un amour des fleurs. ». L’auteur du texte mentionne aussi que le propriétaire avait consacré beaucoup de temps et d’énergie pour prendre soin de son jardin au point qu’il était très visité, et un jour, ce propriétaire a été honoré pour cette persévérance – une valeur très importante pour la société japonaise, en étant élevé au rang de samouraï.

Jardins d’Asie vaut la peine d’y faire un tour pour voir de près de somptueuses œuvres. Par exemple, et comme l’illustre la photo principale de l’article, le musée sort de ses collections un somptueux Kesa à 7 jo (vêtement des moines bouddhistes), issu du don au musée Guimet – notamment une impressionnante collection de textile, de Jean et Krishna RIBOUD et datant du XVIIIème siècle. Ce qui est impressionnant, c’est que le Kesa à 7 jo est en principe une tenue portée par les moines en des occasions formelles, les Kesa à plus de 9 jo étant ceux portés lors de cérémonies. Or, clairement, le Kesa exposé démontre un travail artisanal impressionnant et une technique minutieuse tant les broderies sont riches. Les visiteurs peuvent également observer un survêtement pour femme, uchikake, datant du XIXème, brodé de soie et de fils d’or et dont les plantes brodées ont une représentation symbolique comme le détaille le musée.

Il y a également un très beau paravent issu de l’atelier d’Hishikawa Moronobu, Divertissement sous les cerisiers en fleurs, reflétant parfaitement une habitude culturellement ancrée et appréciée dans la société japonaise. Ainsi, depuis l’époque Heian, le jardin japonais n’est pas qu’un simple lieu d’agrément et semble ne pas avoir changé de fonction, celui d’être le lieu d’expression des sentiments et de célébration du caractère éphémère de toutes choses.
Vous auriez tort de vous priver de visiter cette exposition cet été, d’autant plus qu’avec votre billet d’entrée, vous pouvez également voir les autres expositions de l’institution, temporaires comme permanentes. Le temps de Jardins d’Asie, n’hésitez vraiment pas à visiter la rotonde de la bibliothèque où trônent des statues japonaises bouddhiques et une incroyable œuvre contemporaine de Takahiro KONDO (des photos seront postées ultérieurement), ou encore la spectaculaire installation de Toshimasa KIKUCHI dans la rotonde du 4ème étage.
Informations pratiques ici.