Un regard sur le mythe des 47 Rônins d’après l’exposition L’arc et le sabre – imaginaire guerrier du Japon !

Actuellement présentée au musée national des arts asiatiques – Guimet, l’exposition L’arc et le sabre – imaginaire guerrier du Japon évoque notamment le récit des 47 Rônins à travers plusieurs estampes. Fondé sur des faits historiques, ce récit a inspiré bon nombre d’artistes y compris à notre époque, et fait perdurer la figure du samouraï.

Les rônins, ce sont des samouraïs sans maître. L’histoire initiale des 47 rônins s’est déroulée en pleine période d’Edo, au début du XVIIIème siècle, lorsque le daimyô ASANO Naganori était chargé d’organiser une cérémonie d’accueil pour le Shôgun. Mais pendant l’organisation de cette cérémonie, le daimyô dut se confronter au maître des cérémonies du Shôgun, KIRA Yoshinaka. Ce dernier, ayant de mauvaises relations avec le daimyô, aurait été particulièrement désagréable et insultant, et en conséquence ASANO Naganori a dégainé son sabre, blessant le maître des cérémonies au visage. Malheureusement, il était strictement interdit de sortir son arme au sein du palais du Shôgun et en punition, ce dernier ordonna au daimyô de se suicider par seppuku, ses terres étant ensuite confisquées. C’était en 1701. Ses guerriers samouraïs se retrouvant sans maître devinrent rônins, mais étant profondément fidèles à leur maître, ils décidèrent de venger celui-ci et de laver leur honneur malgré l’interdiction du Shôgun. Ils organisèrent ainsi l’attaque de la maison du maître des cérémonies du Shôgun et parvinrent à le tuer. En ayant atteint leur objectif dans la nuit du 14 au 15 décembre 1702, et par ordre du Shôgun ils se firent tous seppuku le 4 février 1703. Seul le plus jeune de ces rônins est épargné, afin de raconter cette histoire. De nos jours, la mémoire de ces 47 rônins continue d’être honorée chaque 14 décembre au temple Sengaku-ji à Tôkyô, là où ils sont enterrés avec leur maître.

Cette incroyable histoire a été une grande source d’inspiration pour de nombreux artistes, notamment durant l’époque d’Edo, et a été bien romancée par la suite faisant de cette histoire vraie une légende ! En faisant démonstration de bravoure, de loyauté exemplaire envers leur maître déchu et de sacrifice, les 47 rônins n’ont fait qu’appliquer le code d’honneur des samouraïs, ou bushidô, et c’est bien cela qui fascine encore aujourd’hui. Ainsi, dès l’époque d’Edo, le récit des 47 rônins est adapté au théâtre d’abord en bunraku 1748 puis en kabuki en 1749. C’est Kanadehon Chûshingura (en français, Le trésor des 47 loyaux serviteurs), qui est de nos jours une pièce majeure du théâtre japonais. Ce récit a également inspiré d’autres formes artistiques comme UTAGAWA Hiroshige qui a consacré une série de 19 estampes, appelée Chûshingura (traduite en français, Le trésor des vassaux fidèles) dont vous pouvez admirer une bonne partie dans l’exposition au MNAAG.

Emile Guimet mentionne le récit des 47 rônins dans Promenades Japonaises : Tokio-Nikko, exposition L’arc et le sabre – imaginaire guerrier du Japon au MNAAG ©Japan Exclusive

Si l’instauration de l’ère Meiji signe la fin de la classe des samouraïs, le Japon s’est ouvert à l’Occident et le mythe perdure puisque l’histoire des 47 rônins est relatée par Emile GUIMET dans Promenades Japonaises : Tokio – Nikko en 1878. Devenue légende, ce récit est devenu l’un des plus connus du Japon à travers le monde ! Dans la littérature, c’est le roman de plus de 1 000 pages de l’écrivain japonais Jirô OSARAGI et publié initialement en 1929, qui est probablement le plus connu (Les 47 rônins, traduit en français et disponible aux éditions Picquier). Le cinéma s’intéresse également au mythe et ce récit a été adapté à plusieurs reprises. Il y a eu de nombreux films japonais qui se sont inspirés de cette légende à commencer par La Vengeance des 47 Ronin de Kenji MIZOGUCHI en 1941, mais aussi une production américaine – peut-être la plus connue en Occident et où se mêle un aspect fantastique, 47 Ronin de Carl RINSCH 2013 (avec entre autres Keanu REEVES, Hiroyuki SANADA et Tadanobu ASANO), sans compter les nombreuses productions cinématographiques, japonaises comme étrangères, s’inspirant de l’esprit des samouraïs. On retrouve aussi dans de nombreux mangas les valeurs du bushidô comme dans Astro, le petit robot d’Osamu TEZUKA, ainsi que des aventures de rônins comme Vagabond de Takehiko INOUE. De façon générale, la figure du samouraï inspire les artistes contemporains comme Patrick NEU, ou comme vu en 2018 dans l’exposition proposée au MNAAG comme au Palais de Tokyo,à travers des installations autour d’armures de ces guerriers japonais. Plus récemment, c’est l’horlogerie qui rend hommage aux samouraïs avec une référence aux 47 rônins à travers une somptueuse et luxueuse création de la marque Richard Mille, en édition limitée à 75 exemplaires : la RM 47 Tourbillon !

Photo principale : Samouraï de cristal de Patrick Neu, œuvre contemporaine inspirée des samouraïs et exposée au MNAAG

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