Un regard sur Un bestiaire japonais actuellement à la MCJP !

A l’occasion du 25ème anniversaire de l’institution, et co-organisé par Edo-Tokyo Museum (fermé actuellement), Un bestiaire japonais. Vivre avec les animaux à Edo-Tokyo (XVIIIème-XIXème siècle) est la nouvelle exposition sur le thème des animaux à Edo à l’époque Edo à découvrir jusqu’au 21 janvier 2023.

La semaine dernière, la Maison de la Culture du Japon à Paris a lancé sa nouvelle exposition autour de la représentation des animaux dans les arts au Japon et plus particulièrement à Edo (devenue Tôkyô en 1868) et durant l’époque Edo, et ce, à l’occasion du 25ème anniversaire de l’institution ! Quelle est la place des animaux dans la société japonaise ? C’est une véritable proximité entre animaux, sauvages ou domestiqués, et humains qui est décrite à travers plus d’une centaine d’œuvres, prêtées par le Musée Edo-Tokyo – fermé depuis avril 2022 jusqu’en 2025, et qui sont présentées à la MCJP. Le parcours démarre avec d’un côté le regard des étrangers ayant vécu à l’époque sur ce rapport entre Japonais et animaux. Parmi les documents et œuvres exposées décrivant cet étonnement face à un comportement respectueux vis-à-vis de la faune (et la flore), on peut retrouver une illustration par exemple de Georges BIGOT (dont de nombreuses œuvres ont été exposées pendant Les enfants de Meiji), ou encore une plaque de lanterne magique à partir d’une photographie prise en 1935 par Branson DeCOU puis coloriée. Ce regard dialogue de l’autre côté avec des œuvres d’artistes japonais prêtées par le Edo-Tokyo Museum, à commencer par un double paravent, réplique des Paravents des vues d’Edo datant de 1634, qui offre un panorama de cette faune sauvage comme domestiquée dans la capitale japonaise. A ce sujet, ne manquez pas de lire la fiche à votre disposition se trouvant à proximité des paravents et vous indiquant quels animaux sont présents avec un descriptif des scènes.

Un bestiaire japonais permet de visualiser ce respect porté vers la nature dans la vie quotidienne des Japonais, en atteste par exemple cette fascination pour le chant des grillons l’été. Dans la partie consacrée aux animaux sauvages, on peut voir des œuvres montrant un recensement des espèces animales vivant dans Edo : tanuki (sorte de raton laveur), écureuils, faisans, hiboux ou encore belettes…. Bien sûr l’exposition s’intéresse également aux animaux domestiques, et s’il est plutôt récent de s’intéresser en Occident aux rapports entre humains et animaux, et plus particulièrement le bien-être animal, il semble qu’au Japon, la population s’y intéresse dès le XVIIème siècle. Dès le début de l’époque Edo, une ordonnance sur la compassion envers les animaux a été édicté par le Shôgun TSUNAYOSHI. Des pancartes en bois sur lesquelles étaient gravées l’ordonnance étaient présents un peu partout dans les villes. Il était alors interdit d’abandonner un cheval quel que soit le prétexte, et plus particulièrement, il était interdit d’abandonner un cheval malade, auquel cas son propriétaire était passible de la peine de mort.

Interdiction d’abandonner les chevaux, 1688, Un bestiaire japonais à la MCJP, collection du Edo-Tokyo museum ©Japan Exclusive

Quant aux animaux de compagnie, c’étaient davantage des chats et des poissons rouges qui faisaient partie des foyers en ville. On relève ainsi plusieurs représentations de chats dans plusieurs estampes exposées à la MCJP. Rares sont les chiens. Si on peut constater dans notre époque actuelle une popularité intense à travers le monde autour de quelques races de chien typiquement japonais, à l’instar du Shiba Inu, il en existe d’autres au Japon dont certaines sont devenues populaires à partir de l’époque Edo, à commencer par le Chin ou épagneul japonais. Ce dernier est une race importée de Chine durant l’époque Nara (710-794), mais à l’époque Edo, seules certaines familles aristocratiques ou des familles de Seigneurs peuvent adopter un chien. Ailleurs dans le monde, le chien est plus répandu au sein des foyers et cet animal devient alors un cadeau diplomatique ! Lors de l’ouverture forcée du Japon par le Commodore PERRY, le Shôgun offre deux chin nommés Edo et Shimoda à Matthew PERRY. Il les ramènent à New York avec lui et grâce à cela, les épagneuls japonais deviennent populaires en dehors du Japon !

Illustration sur la page de gauche des épagneuls japonais offerts au Commodore Perry, Un bestiaire japonais, collection du Edo-Tokyo Museum ©Japan Exclusive

Enfin, les animaux sont représentés dans les arts décoratifs, et c’est à titre personnel, ma section préférée de cette exposition, et ce, malgré les nombreuses estampes et rouleaux qui valent le détour.  Vous avez l’occasion d’admirer trois splendides kimonos et accessoires dans le thème de l’exposition. Car c’est durant cette époque, que les motifs décoratifs apparaissent sur les kimonos, puis sur des accessoires. Les motifs représentent des animaux ou la flore symboliques d’une saison ou représentent un symbole pour attirer la chance ou le bonheur.

En lien avec l’émergence des arts décoratifs, des katagami, ces pochoirs destinés à imprimer des motifs sur des tissus (et encore utilisés de nos jours) et notamment des motifs en lien avec le thème des animaux apparaissent. La MCJP propose cinq katagami aux motifs remarquables et symboliques, datant entre la fin de l’époque Edo jusqu’à l’ère Shôwa que vous pouvez découvrir en image sur notre Instagram.

  • Un bestiaire japonais, du 9 novembre 2022 au 21 janvier 2023 à la Maison de la Culture du Japon à Paris, 101bis quai Jacques Chirac 75015 Paris. Tarif : 5€. Catalogue coédité aux éditions Gourcuff Gradenigo disponible pour 22€.

D’autres rendez-vous à ne pas manquer à la MCJP en novembre :

  • A la Marge de Tomohiro MAEKAWA : écrite pendant la pandémie, l’auteur met en scène la réaction de la société confrontée à des phénomènes inexplicables à travers deux personnages. Du 22 au 26 novembre 2022, en japonais surtitré en français, 25€ sur réservation.
  • Synergies entre tradition et modernité, 10ème édition, jusqu’au 19 novembre 2022.

Photo principale: Un bestiaire japonais à la MCJP, avec l’aimable autorisation de l’institution

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